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The Angel in the house


Centre d’art Transpalette, Exposition collective Traversée Renarde pour le 40ème anniversaire du centre d’art Beaubourg, 2017

Extrait de paysage en intérieur, système électronique, faïence, bois, marqueterie, feuille d’or, performance


État 1

        Un jardin reconstitue la vue d’une photographie présentée dans une boîte électrique. Celle-ci alimente des objets en faïence et en bois. Ils sont ornées de motifs populaires et vernaculaires amalgamés, familiers et maladroits, réalisés par l’artiste. L’installation s’inspire du poème de la réponse de Virginia Woolf au poème The Angel in the house de Coventry Patmore, écrit en 1854 pour sa bien-aimée Emily Patmore.


État 2

        Le 21 octobre 2017 à 19h l’artiste vient rejouer la scène de la photographie.  Il pose comme le modèle dans un jardin dont les plantes sont identiques au lieu photographié. Il porte des vêtement similaires, qu’il a cousu lui-même, à l’instar de la personne de la photographie. Avant de s’asseoir l’artiste active l’état n°2 du tableau électrique qui alimente les dix boîtes en faïence et en bois avec une lumière continue. Celle-ci révèle dans chaque boîte une image pieuse d’un style sulpicien, représentant un ange protégeant un enfant dans une situation périlleuse. La chair de l’ange a été retirée par découpage, laissant la lumière remplacer la présence ténébreuse.



État 3

        L’artiste se lève et vient activer l’état n°3 du tableau électrique quand il doit quitter les lieux. La lumière est émise dans un rythme accidenté depuis les objets dont les motifs sont réalisés dans une reconstitution névrotique. Les accidents et le travail d’après mémoire engendre dans le style des excès, des manques, des répétitions, qui les altèrent d’un possible modèle original.




        Le poème The Angel in the house de Coventry Patmore est un poème d’amour pour son épouse Emily. Pourtant les qualités uniquement sacrificielles et conciliantes qu’il décrit semble ne rendre possible l’amour qu’à la condition de s’effacer, comme si l’aimé n’était plus qu’une image. Cette attente particulière, cet « ange », va jeter son ombre sur la condition féminine depuis le XIXe siècle. Virginia Woolf réclamera vouloir tuer cet « ange du foyer » pour s’émanciper en tant que femme, devenir écrivaine, peut-être même s’affirmer lesbienne. Cela peut surprendre quand on connaît la tendresse qu’elle exprime pour Mrs. Ramsay, personnage maternel de La Promenade au phare, dont la mort accompagne le récit de la dégradation de leur maison alors abandonnée. Face à la difficulté du deuil et à la dépression, Virginia choisit ici un geste violent, certes de destruction, dont la vivacité s’apparente plutôt à un acte de vie. L’ange qui devrait nous montrer la direction à prendre pour avancer peut devenir le fantôme qui nous fait nous retourner tel la femme de Lot ou même Orphée avec Eurydice. Ici les plantes nous rappellent que la putréfaction et la régénération sont indissociables, que la perfection angélique du souvenir et des idées font de l’ombre à ceux qui ont disparu comme à ceux qui partagent encore notre mortalité.

Arthur Gillet
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