Arthur Gillet est un artiste pluridisciplinaire, peintre et performeur. Il a grandi dans une cité HLM de Villejean, en banlieue de Rennes, auprès de son père ouvrier, sourd et neuroatypique, et de sa mère, également sourde et en recherche d’emploi. Après un baccalauréat obtenu au rattrapage, il intègre l’École des beaux-arts de Rennes, où il décroche en 2011 un Diplôme national supérieur d’expression plastique avec les félicitations du jury. Parallèlement, il se forme à la danse contemporaine au Musée de la danse et au Triangle. Dans les années 2010, il participe activement au milieu européen de la nuit, notamment comme modèle et gogo-dancer.
Son travail interroge la fragilité du langage et de l’identité, les contraintes des normes et la suradaptation. Il y répond par l’art, conçu comme une alternative de communication et de récit. Il puise dans le travestissement (et plus largement le passing) un pouvoir de subversion et d’autodétermination, et revisite l’histoire de l’art et des styles avec un regard de faussaire. Sa réflexion s’enrichit de longues conversations avec Catherine Geel, Pascal Rousseau et Élisabeth Lebovici. En 2023, il approfondit ce cheminement à travers la psychanalyse et les travaux de Lennard J. Davis, développant un point de vue CODA (Child of Deaf Adult). Dans le prolongement, il découvre les recherches de Nadine Clerebaut, Christophe Touchais et Alain Bacci, qui mettent en lumière l’impact social, économique, culturel et psychologique des CODA en France, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Par ailleurs, son activisme — depuis les mouvements des gilets jaunes, féministe et queer, jusqu’à la Palestine — nourrit une éthique de la production et de la collaboration.
Son travail récent explore la peinture sur soie comme un médium intermédiaire entre le vitrail et l’écran (téléviseur, minitel, ordinateur, smartphone). À travers ce support, il questionne la manière dont les technologies de communication et de l’image compensent à la fois les effets validistes ou classistes et l’isolement social et politique, tout en générant un monde hanté de croyances, dont la prégnance de ses représentations interroge notre relation au réel.

Photography by Elisabeth Lebovici