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Transsubstantation

Sodome/Mt. Sodome



Le Village, évènement Instinct, 2017, Berlin Allemagne
Vidéo, musique, installation

        Un film de 2:18:36 est diffusé dans une structure en tissu suspendue à un cadre en bois et des cordes. Un protocole invisible invite le visiteur à s’allonger sans l’y obliger.
           Dans le film, un paysage désertique semble présenter une montagne et par delà le ciel. Un homme nu vêtu d’un simple drap vient s’installer devant ce paysage. Il s’allonge. Il plonge dans le sommeil à mesure que le crépuscule avance. Une musique répétitive accompagne le mouvement de la lumière sur le paysage.

    L’espace public, et ce qui déborde d’espaces mis en commun sont des territoires et un champs de représentations et symbolique qui ne cessent jamais de faillir et d’exclure. La réappropriation de ce qui est abandonné est une stratégie récurrente pour formuler une existence collective, en devenir si elle n’est pas encore partagée, qu’il s’agisse pour les homosexuels des anciens mythes, des parcs et des urinoirs la nuit, des études éparses de modèles masculins de beaux-arts, etc. Sodome est un symbole ancien qui a été punie de son manque d’hospitalité. Reformulé par les relectures plus tardives des grands monothéismes, il est devenu finalement le symbole d’une homosexualité châtiée. Il existe pourtant un Mont Sodome que la topographie contemporaine indique.

    Ce film reprend le protocole du pèlerinage chez les grecs anciens (se déplacer dans un lieu naturel qu’on estime sacré et y guetter l’apparition d’une divinité par le rêve et le sommeil). L’expérience du rêve permet la formulation de ses désirs, et conduit ainsi à la révélation de soi dans la psychanalyse (Carl Alfred Meier émet en 1955 le postulat que ce type de pèlerinage qu’il appelle l’incubation antique, est la préfiguration de la psychanalyse). Aussi Michel Foucault prend la science antique de l’interprétation des rêves (et de la sexualité qui s’y déroule) pour nourrir son Histoire de la sexualité.

    C’est par l’utilisation du lieu moins dans un prétexte liturgique que dans une expérience physique, que la réappropriation du Mont Sodome en tant que lieu où se déroule une expérience positive d’hospitalité peut supplanter comme un dévoilement Sodome, le concept qui châtie l’homosexualité.

    Une ellipse temporelle représente une nuit d’une vingtaine de minutes suite à laquelle le ciel passe du bleu à l’or. L’homme se réveille au lever du soleil. Il est en fait au sommet du Mont Sodome et déploie sa vision sur la mer morte qui en réalité reflète le ciel.

Le film de 2:18:39 (découpé en 61 phases, représentant chacune 2 minutes et 16 secondes du film) s’est déroulé le 16 août 2014, de 18h à 6h.


La musique a été dirigée par Arthur Gillet au travers de dessins et de poèmes. Sa création et son interprétation par les compositeurs et musiciens  Christophe Aslanian & Aurélia Nardini.



Remerciements à Louis-Philipe Scoufaras, Michèle Gauthier, Christophe Ecoffet & Uffe Gartner pour leur aide et leur soutien.


Arthur Gillet
54 rue de Turbigo 75003 Paris
+33 6 49 82 24 14
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