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Sept Érections


Prix Talent à la carte, 2015 Salon Maison & Objets, Paris

Galerie Schneider & Denker, Berlin 2016

LB Galery, Copenhague 2016

Faïence émaillée, décors et formes réalisé manuellement par l'artiste.

C'est l'histoire de sept miroirs qui déforment la réalité pour révéler la vérité. Celle qui raconte l'éternel lien entre la mort et le désir. N'y a-t-il pas une anamorphose qui distance le phallus du pénis ?



(La thématique)
Le miroir est un objet très curieux. Bien que banal, il possède quelque chose de magique : celui de nous percevoir comme un autre. Pourtant chaque pouvoir implique un coût.

Depuis le piège de Narcisse, le miroir ne cesse de traverser la littérature et le cinéma avec un paradoxe fascinant. Celui-ci fragmente, aspire, duplique, distord et même cause des maux, mais toujours révèle la vérité. Étrange suggestion que d’imaginer que cette dernière ne se trouve pas être contenue dans la réalité. Mais cela peut faire sens si l’on observe nos contemporains. Un paradoxe opposé surgit par d’autres types d’écrans que sont la télévision ou l’ordinateur notamment à travers les réseaux sociaux. Ceux-ci poussent à la performance et amène à considérer : Plus de transparence pour moins de vérité. Est-ce pour autant une contradiction ?


(L’objet)
Cet objet se présente, a priori, comme un joli vase ou cloche (du moins si vous me le concédez) aussi décoratif qu’inoffensif. Mais c’est à l’utilisateur exclusif (ou à l’observateur consciencieux) qui, posant l’objet sur le plateau, sera saisi de l’instant où l’opportunité d’une révélation se fera la plus grande. Une anamorphose surgit dans le reflet pour dévoiler une locution latine récurrente issu de textes antiques, religieux ou poétiques, sinon de la peinture ; ceux-ci traitent de la vanité et de la mort en horizon. L’habitude de notre confort et la relative facilité de notre décor de vie ne doit pas décourager le lecteur qui serait pris d’un nihilisme malheureux. Au contraire il devra retrouver la fonction première de ces « memento mori ». Si les renaissants ornaient leurs intérieurs avec des crânes, les anciens voyait en ce thème une opportunité pour valoriser la vie sur terre, dans son prisme le plus large. Ayant ainsi conscience plus de leur vie que de leur mort, il sera libre à chacun de la combler d’expériences intellectuelles, sensibles et sensuelles. Les vases de cette série permettent de poursuivre autrement cette lecture. Le bouquet, en se fanant, recouvrira le plateau pour faire progressivement disparaître le message, du moins le substituer de la lecture à la nature.


(La série des plateaux)
La série est déclinée ici au nombre de sept pour respecter le conte du Masque de la Mort rouge d’Edgar Allan Poe. Le Prince Prospero se clôt avec la haute société dans un immense château au style gothique exubérant. Ils vont y fuir dans le divertissement l’ombre de la mort, d’autant qu’à l’extérieur la population s’effondre par la peste. Cependant le château décrit une enfilade de sept pièces monochrome tordues, empêchant le regard d’anticiper plus d’une pièce à la fois. Déjà se suggère l’allégorie des étapes de la vie … D’autant que la dernière où personne n’ose s’aventurer est noire et possède une immense horloge d’ébène qui tétanise ses habitants à chaque heure malgré la fête.


(La série des vases, des cloches ou des urnes)
Ainsi la couleur des plateaux répond à sept formes dans un ordre précis. Chacune se veut être une forme géométrique reprenant divers archétypes de monuments, dont la fonction est de résister au temps. Ainsi nous avançons dans l’histoire : partant du Menhir pour passer à la colonne, ensuite au clocher, au dôme, à la cheminée industrielle à la tour, puis enfin à la fusée … Ou bien à l’urne funéraire africaine, qui accompagne le mort en représentant le moteur de la vie que serait le désir, ici représenté par un phallus en érection. Dans la collection de ces sept archétypes, se suggère l’idée que tous les monuments sont conçus comme des érections, toutes massives et verticales. S’opposerait alors le principe d’horizontalité et de décoratif … Pourtant dans les inoffensives fleurs de ces plateaux se cache un message de vanité à l’égard de l’érection, lui rappelant que rien ne dure ; et nous le savons, les monuments résistent difficilement à l’histoire.

Arthur Gillet
54 rue de Turbigo 75003 Paris
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