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Restaurations

translation coming soon

European Fine-Arts school, 2011, Rennes France

Writing, drawing, textile, wood, video, performance, installation


    Ce programme a pour objectif d'interroger l'identité sous une forme relationelle, puis d'agir sur elle comme une forme plastique. Il consiste à l’écriture de protocoles sociaux, basé sur des expérimentations diverses et des analyses qui en sont issues. Utilisant le moment du repas comme une métaphore synthétique classique des enjeux du pacte social, à la laquelle je souhaite apporter une réflexion sur l’identité personnelle. Ils concentrent à la fois la tension entre la nécessité biologique de la nutrition et l’élaboration des plaisirs, concentré dans l’expression du désir individuel, qui doit à son tour être mis en tension avec l’impératif d’harmonie collective.

Ce projet se déroule en cinq parties :
1) Expérience préalable
2) Expérience théorique
3) Expérience fictive and réelle
4) Expérience synthétique
5) Conclusion



1/5 Expérience préalable

    Un hôte réunit six personnes pour un repas en désignant par tirage au sort la place qu’ils occuperont à table. Ils suivent un protocole stipulant la préséance, ainsi que quelques règles précises : Le repas sera servi en trois plats. La nourriture est intégralement rouge. Chacun sera convié à se vêtir de blanc. Il n’y a pas de serviettes pour se prémunir d’éventuelles tâches. Chaque invité devra enfiler des gants blancs qu’ils trouveront disposés à leur place et devront déjeuner avec ceux-ci. Les gants seront récupérés et classés par l’hôte selon ses critères de propreté.

    Le repas sera filmé et analysé par l’hôte. Il conviendra pour chaque invité de prendre compte de la caméra aussi peu que possible. Le son ne sera pas enregistré pour encourager une spontanéité recherchée chez les invités.


2/5 Expérience théorique

    Écriture d'un essai théorique pirate sur la notion d’identité personnelle. Loin de la stratégie américaine du “statement”, l’ouvrage choisi une posture qui doit renoncer à la propriété de l’identité pour une formule relationnelle qui serait plastique et évanescente. Le style, le volume et la mise en page sont un pastiche des éditions de minuit. L’ouvrage infiltre à l’insu de leurs propriétaires marchés, bibliothèques et librairies.

3/5 Expérience fictive et réelle

    Une méthodologie est élaborée pour analyser quelques repas. Elle se base sur l’observation, l’interprétation graphique et littéraire. Elle s’intéresse à des évènements frictionnels et réels, dont les résultats seront confondus dans une masse d’informations sous forme de cartographies, graphiques et textes en format d’édition de poche.

    Les événements fictionnels sont issus des romans de Jane Austen (Raison et Sentiment) et Virginia Woolf (Les Vagues). La première propose une alternative entre l’importance du perfectionnement de soi d’une société rationaliste qui s’impose des règles sociales lourdes, et l’ère romantique qui s’exalte d’une fuite dans un ailleurs éphémère. Virginia Woolf part plutôt du caractère le plus intime, solitaire et variable de la conscience pour éveiller une impression générale et commune de la sensibilité humaine, ou les identités éclatent, diluées dans des relations.

    Ici, le dîner chez Mrs. Ferrars à Londres (Raison & Sentiment, Jane Austen) est décliné en une série d’interprétations graphiques.

    Parallèlement, un maximum de notes sont prises sur les assemblées disparates qui se tiennent dans les restaurants. Donnant lieu à des graphismes bruts dus à la luxuriance des mouvements et des paroles et à l’aspect fragmentaire de l’attention, ils sont retransmis en une nouvelle portant le nom du lieu de consommation.


4/5 Expérience synthétique


    Afin d’affiner cette expérience, quatre personnes ont déjeuné régulièrement ensemble sur l’espace d’une année. Elles ont suivi des protocoles plus ou moins complexes, plus ou moins précis. Toutes connaissaient l’hôte, sans pour autant se connaître entre elles avant l’expérience. Ces protocoles évoluent en complexité à mesure que les participants se connaissent. Il est observé qu’une habitude de l’autre permet de se confronter à des règles destabilisantes.
    Chaque repas est ainsi traduit en graphismes et textes, et fait l’objet d’un film.

Calendrier :
    Lundi 13 décembre 2010 – 14h30
    Jeudi 16 décembre 2010 – 13h00
    Lundi 20 décembre 2010 – 12h30
    Mercredi 2 février 2011 – 12h30
    Mercredi 9 février 2011 – 12h30
    Mercredi 11 mai 2011 – 13h00
    Mardi 21 juin 2011 – 12h00


5/5 Conclusion

    Le jour du vernissage un dernier déjeuner est organisé. Le protocole consiste en un repas filmé où les quatre participants devront tirer au sort parmi quatre personnages. Ceux-ci sont issus d’une des toutes premières fiction du genre, la sitcom Father knows best. Entre la représentation fidèle d’un quotidien moyen et extrêmement contemporain, et sa diffusion massive grâce à la technologie, ce genre intensifie radicalement un rapport à l’image en vase communicant, où le réel inspire autant la fiction, qu’elle n’inspire le réel. Elle génère un corpus de comportement élaboré en style et des identités nettes.
    Chaque participant obtient un costume ainsi qu’une vidéo permettant d’accéder au corpus comportemental du personnage obtenu.







    Le visiteur qui pénètre l’exposition peut observer tous les travaux précédents (1/5 à 3/5) ainsi qu’une série de films témoignants des différents repas de l’expérience synthétique (4/5), associé aux protocoles et aux interprétations graphiques et littéraires de chacun d’entre eux. Chaque film est diffusé dans un ordinateur, télévision ou projection. C’est en quittant l’espace d’exposition que le visiteur devra traverser une dernière salle où il pourra constater que le dernier film témoignant des repas n’était pas un enregistrement mais une diffusion en direct. Les participants auront pour devoir d’ignorer les visiteurs.

Remerciements à Christophe Aslanian, Laure Bardet, Arthur Beuvier & Julie Hinault ; Bastien Guhur, Olivier Férec & Nathalie Burel.

Arthur Gillet
54 rue de Turbigo 75003 Paris
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